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Démarche artistique de Marie Chéné

publié le mardi 5 septembre 2023

Démarche artistique
Le langage est mon matériau de prédilection, parfois dans l’espace de la page, souvent en dehors. La forme finale du travail peut être dessinée, sonore, écrite, photographique, cinématographique, en général elle est sous-tendue par une collecte de vocabulaire ou l’exploration d’un phénomène linguistique qui a retenu mon attention. L’implication du spectateur, le si fécond premier degré, le détournement, sont souvent présents dans ce que je propose.
Dans le film Une seconde seconde, je cherche les situations dans lesquelles le réel incarne des quasi-répétitions du langage telles que « La ferme ferme », « On tasse une tasse », « Il lave la lave ».
Au château d’Avignon, lors des expositions Domaine des murmures I et II, j’ai avec Pascal Messaoudi remixé les audioguides pour construire des récits alternatifs.
La toponymie est une de mes sources favorites de vocabulaire. Menton, Rodez, Paris, mais aussi La Grave, Écueil, Ardentes… 1200 communes françaises portent un nom qui n’est pas seulement un nom propre, avec lequel j’écris des textes qui sont aussi des itinéraires.
J’écris également avec des mots photographiés dans les rues,
Projet de résidence l’Esprit du lieu avec Marie Chéné / 4
enseignes, sonnettes, panneaux de signalisation.
Exception à la règle puisqu’il ne comporte pas de langage, le film Nous tournons en rond dans la nuit, réalisé en collaboration avec Didier Nadeau, relève du « cinéma trouvé » comme certains de mes travaux d’écriture procèdent de la « littérature trouvée. »
Ainsi des Suppléments littéraires, poèmes sur journaux qui font apparaître des phrases tapies entre deux colonnes. Ils ont initié deux directions de recherche, la première graphique et architecturale, la deuxième sonore et de plein air.
En sensibilisant mon œil aux césures, ils ont donné naissance aux Mots d’angle, mots qui, grâce à un simple espace, se révèlent triples : ainsi « enfermer, enfer mer ». Avec David Poullard, artiste et typographe, nous installons ce vocabulaire dans les angles des murs ou des rues. C’est une manière de découvrir l’espace grâce au langage et réciproquement.
Le pli dans les Mots d’angle m’a également amenée aux échos, sorte de pli sonore. J’ai pensé qu’il était possible d’écrire des phrases à lancer aux échos, où le son renvoyé par la falaise, la paroi, la montagne, complète la phrase. J’ai testé cette hypothèse à Grenoble, dans le cadre de Paysage->Paysages, une manifestation organisée par le Laboratoire.
Je cherche donc le langage là où il y en a tant qu’on ne le voit plus, ou là où on le croit absent, et je saisis les occasions d’écriture qui sont en germes partout. J’aime découvrir ce qu’une situation, un lieu, me permettent d’écrire, et que je ne pourrais pas dire ailleurs. Je travaille en réaction, en situation, en écho.

Marie Chéné.