l’Esprit du lieu

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Du paysage au visage

publié le dimanche 9 octobre 2016

Par Arnaud de la Cotte

Nous retrouvons dans ces deux œuvres les problématiques qui parcourent le site de Grand-Lieu : par exemple, la notion de paysage comme archétype, comme modèle d’un rapport à l’espace visible et la notion de visible et d’invisible, d’image : que peut-on voir ?... que peut-on photographier ici ?

La table paysage de Plantive, ne nous renvoie-t-elle pas à l’œuvre de Mario Merz ? « Ainsi la table, autre élément primordial de l’œuvre de Merz, devient-elle "un morceau de sol soulevé, comme un rocher dans le paysage" ». [1]

L’utilisation de la cire nous ramène aux cierges qui brûlent devant la statue de Saint-Philibert, à la matière qui se liquéfie, se répand et se fige comme la gélatine fige les images sur la pellicule photographique, à l’eau qui se répand sur le marais, le blanc qui recouvre le noir de la tourbe.
Le travail de Plantive tourne autour de la représentation sans jamais l’aborder directement ou en s’en approchant avec une méfiance extrême. Une des questions que pose son travail est comment représenter ? Comment représenter Grand-Lieu ? et plus encore, qui représente Grand-Lieu ?
« Aujourd’hui, le concept paysage dépasse les limites du monde de l’aménagement et envahit la sphère médiatique. Défini comme étant le « visage d’un pays », il est le révélateur de sa culture et de son histoire. [2]

Dans le travail de Bernard Plantive, le lien entre le paysage et le visage nous semble apparaître. Il faut savoir qu’à la suite de sa résidence, Plantive a travaillé sur une série d’autoportraits. Comme s’il avait voulu revenir à la représentation à partir de son propre visage ? Comme si la confrontation avec Grand-Lieu, espace invisible, non représentable l’avait renvoyé à lui-même, à son propre visage. Personne ne peut voir son propre visage sans l’intermédiaire d’un médium. Le lieu véritable renvoie au visiteur, au regardeur. Il n’est pas question, ici, d’image préfabriquée ni de carte postale.

Si Grand-Lieu n’a pas d’image unique, il en a une infinité.


[1Dans le Nord de l’Italie, à Turin, La Fondation Mario Merz

[2Historique et définition du paysage » CRDP académie d’Amiens.